Pas d'écran avant 3 ans ? Et si ça valait aussi pour nous ?
Note usage des écrans face aux enfants
Les repères d'âge pour l'accès aux écrans
La sacrosainte règle des 3 / 6 / 9 / 12, et le slogan “Pas d’écrans avant 3 ans” qui accompagne la première étape, on commence à bien les connaitre. On les a vus placardés partout. Sous forme d’affiches de prévention dans les salles d’attente de nos pédiatres ou à la bibliothèque…
Si tu as besoin d’un petit rappel, n’hésite pas à consulter ces préconisations en détail ici.
Ces repères simples ont le mérite de nous aider à retenir les limites d’âge que l’on devrait s’efforcer de respecter pour favoriser un développement harmonieux des compétences cognitives et sociales chez nos enfants. Les effets nocifs des écrans sur nos enfants ne sont plus à démontrer, qui plus est lorsqu’ils sont jeunes.
Mais aujourd’hui, je voudrais t’interroger sur ton usage des écrans… devant ton enfant.
Cela suffit-il de ne pas exposer l’enfant aux écrans ? Qu’en est-il de notre propre usage des écrans et de notre relation aux outils numériques ?
Les écrans empêchent les interactions sociales
Parmi les causes de nocivité des écrans pour les enfants, un problème cité par les études est qu’ils les empêchent d’interagir avec leurs pairs, en face à face… Ils diminuent les temps d’interaction et entravent le développement de compétences sociales, linguistiques, cognitives, empathiques, etc…
Imagine maintenant une situation où ton enfant n’est pas face à un écran, mais où c’est toi qui es absorbé par ton smartphone. Toute ressemblance avec un évènement ou une personne ayant vécu serait pure coïncidence et totalement fortuite, évidemment !
Dans ce cas, et alors même qu’ils ne sont pas eux-mêmes face à un écran, offrons nous à nos enfants les interactions sociales de qualité dont ils ont tant besoin pour leur construction et leur développement ?
Je te rassure, je suis loin d’être moi-même exemplaire sur le sujet… Comme la plupart des gens de notre génération, j’ai tendance à consulter mon téléphone (un peu, non beaucoup !) trop souvent. Même quand aucune notification ne m’y appelle, simplement comme ça, pour voir. Comme beaucoup encore, je me saisis de mon téléphone avec une intention initiale (regarder l’heure ?), Puis j’oublie complètement le but premier de mon geste. Je commence à scroller frénétiquement sur les réseaux ou à actualiser des messageries qui n’ont manifestement aucun message non lu en stock. Au final, j’oublie de regarder l’heure et je peux réutiliser ce prétexte dans les 5 minutes qui suivent pour répéter l’opération. J’emmène mon téléphone partout, comme un pacemaker greffé au fond de la poche, me maintenant relié en permanence à ce qui se passe loin de moi. Mais qu’en est-il de ces petits êtres qui s’agitent sous mes yeux, gesticulant et m’interpellant pour attirer mon attention ? N’ont-ils pas droit à mieux que cette maman robot, son téléphone greffé dans la main, qui répond mécaniquement à leurs sollicitations ?
L'exemple que nous donnons face aux écrans
En plus de les priver d’interactions réelles avec nous, le problème de notre addiction aux écrans est qu’il introduit des fausses croyances dans l’esprit de nos enfants :
- « Si mon parent est si passionné par cet écran, c’est forcément que c’est quelque chose de très désirable »
- « Si mon parent est plus intéressé par cet écran que par ce que j’ai à dire, je ne dois pas être digne d’intérêt… » Pas génial pour l’estime de soi
- « Si mon parent consomme cet objet sans limite, c’est OK pour moi d’en faire autant. »
Des solutions pour m'aider ?
Pas de fatalisme. Prendre conscience du problème, c’est déjà le premier pas.
Si tu veux travailler sur la question de ton rapport aux écrans, quelques idées en vrac. A toi de piocher dans cette liste et de choisir celles qui te parlent le plus :
- Installer des applications de contrôle de tes temps d’écrans. Par exemple Moment ou Screentime, pour t’aider à prendre conscience de la réelle ampleur du problème.
- Utiliser les possibilités de ton téléphone pour limiter le temps passé sur certaines applications (au hasard, les réseaux sociaux). Certains constructeurs permettent de bloquer l’accès à l’application au delà d’une limite d’usage quotidien.
- Définir en famille les règles du foyer pour l’usage des écrans (et t’astreindre à les respecter). Par exemple, pas d’écran à table, pas d’écran pendant 30 minutes quand tu retrouves tes enfants, pas d’écrans au moment du coucher des enfants, …
- Sortir ton téléphone de ta poche quand tu rentres chez toi. Quand tu passes la porte, pose-le sur un meuble prévu à cet effet (dans l’entrée par exemple)
- Acheter un boitier à verrouillage minuté « Time Lock Safe » comme par exemple ce modèle. Prévu pour rester verrouillé avec son contenu pendant une période de temps prédéfinie. Impossible de forcer l’ouverture pendant cette période de temps à moins de casser la boitier. Radical pour les addicts !
- Mettre le téléphone en mode « Ne pas déranger » ou en mode « Avion » quand tu veux préserver un vrai moment d’échange avec ton enfant.
- Lancer des challenges en famille, par exemple : « ce week-end, on n’emmène pas les téléphones quand on sort de la maison »